samedi 19 août 2017

BOMBARDER BIARRITZ

Je me suis promené dans Biarritz aujourd’hui. Et j’ai retrouvé, face au Musée de la Mer, la plaque qui commémore le bombardement de mars 1944. Il va de soi que ça m’a fait penser.

Pas à cause des 117 morts. Non. A cause de la manière.

L’objectif était de rendre l’aéroport inutilisable. Pour ce faire, il y avait deux manières, l’américaine et l’intelligente. Comme toujours.

L’intelligente eut consisté à envoyer quelques avions dont certains auraient bombardé l’objectif avec des frappes qu’on qualifie aujourd’hui de chirurgicales. C’était possible, la RAF avait avions et pilotes pour ça. Les Allemands faisaient ainsi avec leurs Stukas. Sans parler des Japonais

Les Américains ont choisi la manière américaine…. Une escadrille de B 24 qui ont lâché un tapis de bombes dès la côte en vue au Port Vieux. Pas très efficace de surcroît. Les bombes tombées près du Rocher de la Vierge n’ont pas fait de mal à l’aéroport. Couper la jambe pour guérir le genou.

Je ne rigole pas. On peut toujours prendre un problème de deux manières, même si je pense qu’une seule est intéressante.

Quand on se trouve face à un corpus, la meilleure manière de faire est de chercher les signes pertinents, ceux qui vont conduire à la solution. Ils sont le plus souvent rares, cachés. Ils demandent savoir, intelligence. Pour un médecin, c’est distinguer dans une cohorte de plusieurs milliers, les deux ou trois cas sur lesquels se concentrer. Mais c’est aussi le cas pour un assureur : trouver dans quelques milliers de sinistres, ceux qui parlent.

Bien entendu, les gens capables de ça sont rares. Comme le pilote capable de détruire un pont au milieu des obus de DCA. Comme le généticien qui va s’attaquer à une allèle signifiante. Et donc, comme ils sont rares, on les remplace par des troupes de brèles, statisticiens ou actuaires,  chargés de baliser le terrain. Un bel exemple fut le séquençage de l’ADN au tournant des années 2000. Le gouvernement américain avait mis sur le sujet des dizaines d’équipes avec quelques millions de dollars et un objectif à 5 ans. Un an plus tard, un homme, Axel Kahn, avec son équipe du Généthon, avait terminé. La science américaine était ridiculisée. L’histoire est connue de tous et pourtant, personne n’y pense.

Comme les gens intelligents sont rares, au lieu de les chercher, on cherche à les remplacer. C’est le bombardement de Biarritz que je pense très caractéristique d’une vision épistémologique qui consiste à analyser beaucoup pour penser peu. C’est la pensée Google : si tu as 3 millions de followers, tu as raison. Si tu vends beaucoup, ton produit est bon…

Celui qui est mal, c’est Galilée…

On en reparlera…



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