mercredi 18 octobre 2017

UN MONDE DE DOMESTIQUES

Bon, ça sort de partout sur l’intelligence artificielle. Rien de bien neuf, mais une sorte de consensus se fait jour : l’intelligence artificielle menace d’abord le boulot des plus cons. Bien la peine d’être plus intelligent !!!

Ça veut dire d’abord que le sujet est inintéressant. On va s’intéresser à la répétition, aux processus, au traitement de plus en plus rapide de millions de données. C’est pas très intelligent, je trouve. Mais surtout, c’est évident que ça va fracturer la société. Mais finalement pas tant que ça. Les maîtres de l’intelligence artificielle, ils vont gagner beaucoup d’argent mais faut pas croire qu’ils vont épargner. Non. Ils vont vouloir jouir et profiter.

C’est génial, voilà des années que toutes nos élites préparent notre monde à ce changement. L’’agriculture détruite, l’industrie délocalisée, restent tout le reste : les services. Voilà bien un demi siècle qu’on entend le credo : les services sont la base de l’économie de demain. Basons notre société sur le boulot des domestiques. Je déconne pas : un grand patron du tourisme cherchant à donner à ses services de la valeur ajoutée n’avait rien trouvé de mieux que de créer des postes de « concierges ». Des bignoles quoi…Au garde à vous dans l’attente des étrennes. Si ça, c’est pas un aveu…

D’ailleurs, tout le monde l’affirme. L’avenir de l’emploi est dans les « services d’aide à la personne ». Je pense à Nanie, entrée à 20 ans comme « bonne à tout faire » au service de mes parents mais qui était devenue « auxiliaire de vie » pour son départ en retraite. Elle faisait le même boulot, sauf qu’en plus, il fallait parfois torcher Maman.. La définition avait changé, pas le travail. J’en déduis donc que les services d’aide à la personne recrutent essentiellement des domestiques. Désormais, on les appelle auxiliaires de vie ce qui est mieux que torcheur de vieux. Mais bon, c’est pareil.

Même pas. Nanie, elle savait faire des ris de veau financières (ou panés, ma préférence), des rognons sauce madère ou du foie frais aux raisins. Avant même d’être auxiliaire de vie. Les domestiques actuels sont tellement nuls qu’ils ne méritent aucune considération ; Pourtant leurs employeurs affirment les former. A quoi ? A la cuisine ? Pour passer un congelé au micro-ondes ? Au ménage ? Pour ne pas savoir nettoyer un cadre doré à la feuille ? Au repassage ? Pour ne pas comprendre le repassage d’un smoking ?

Je tiens à l’affirmer haut et fort : je n’ai aucun mépris pour les domestiques. Ils m’ont élevé. Par contre, je vomis hyperboliquement les mauvais, ceux qui s’enorgueillissent d’un nom ne correspondant à rien. Ils n’ont pas compris qu’un domestique est quelqu’un qui ajoutait de la valeur parce qu’il avait du savoir, mais peu de liberté. Son planning ne lui appartient pas. Ne pas être formé leur laisse l’impression de décider. C’est d’autant plus facile que les « maîtres » ne sont pas non plus formés pour commander. Ou qu’ils en ont honte. Et, en toute hypothèse qu’ils n’ont aucun sens de leurs responsabilités. Ainsi, ils pensent que « virer » est l’alpha et l’oméga de leur action. Mais, jadis, on ne virait pas. Une fois l’engagement confirmé, on gardait. En jaugeant de la personne, en la formant, je veux dire en la formant vraiment. Et d’abord, en la mettant en « binôme » avec une vieille bonne qui faisait office de formatrice. Et c’est ainsi que Bernadette faisait les meilleures allumettes au fromage du Pays basque et que Rosalie, native de Biscaye, ne se trompait jamais quand il fallait servir un whisky.

Avoir été formé à la perfection, c’est chiant. Je ne suis pas parfait mais j’ai été élevé dans un monde qui visait sans cesse  à faire mieux. Alors, aujourd’hui, je m’emmerde et je méprise. Je méprise cette autosatisfaction de l’étiquette. Il suffit de sortir de la pathétique structure de formation des libraires de Montreuil où on forme des « libraires » pour Auchan ou Leclerc (une bouteille d’huile, deux boites de pâté, un roman à la mode). Après quoi on se colle l’étiquette et on devient un arbitre de la littérature. Putain, les mecs !!! On vient de Vatel qui s’est suicidé pour avoir choisi un mauvais livreur de poissons !!!

Cette semaine, je suis en bagarre avec un mauvais caviste qui m’explique que mon vin sera livré en retard par la faute du transporteur et ne veut pas comprendre que c’est lui qui l’a choisi et que, donc, il est responsable de son mauvais choix. Il ne m’a pas encore dit que c’était le moins cher, mais ça ne saurait tarder.

Voilà ce qui nous attend. Des domestiques incompétents nous délivreront un service de merde avec des cartes de visite impeccables et imprimées par Vistaprint. Comparez à des cartes de visite gravées à la main, c’est de la merde. Oui, mais c’est pas cher. Ha ! bon ! si c’est ça…


On en reparlera…..

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